Se repérer à Nara : ce que Google Maps n’explique pas

Kasuga-taisha est un magnifique temple de Nara.
Kasuga-taisha est un magnifique temple de Nara.

Appréhendez Nara autrement. Mon guide pour se repérer dans la ville, entre temples, daims sacrés et sentiers paisibles hors des foules.

Nichée entre Kyoto et Osaka, Nara est un site mondialement connu pour ses daims en liberté. Mais pas seulement, il s’agit aussi d’une ville sacrée au Japon, abritant de nombreux temples. On se retrouve soudain pris dans un flot de daims, de touristes, de temples et de panneaux directionnels énigmatiques. Pour profiter vraiment de la ville, il ne suffit pas de suivre Google Maps : il faut comprendre l’architecture sacrée de Nara et la logique spirituelle qui relie ses espaces.

Quelques conseils pratiques pour visiter Nara

La meilleure période de l’année pour visiter Nara est le printemps pour les cerisiers ou l’automne pour les érables. Si vous dormez sur place, je vous conseille un hébergement en ryokan ou shukubō (hébergements dans les temples). Une bonne alternative est de visiter Nara à la journée. Dans ce cas, prenez le train JR. Le temple du Grand Bouddha est à environ 30 minutes de marche de la gare mais il existe une navette.

Les meilleures heures pour visiter Nara sont bien évidemment tôt le matin (avant 9h) ou en fin d’après-midi, quand la lumière rase les lanternes en pierre et que les visiteurs se font rares. Nara Park n’est pas un parc fermé : c’est une zone verte ouverte, sans clôture ni horaire, qui relie temples et sanctuaires. Ce qui peut semblait confusant à votre arrivée. Je me suis demandé : « mais où est l’entrée ? ».

Où voir les daims à Nara ?

À Nara, les daims (appelés sika dears) semblent faire partie du paysage autant que les cerisiers ou les toits vermillons des temples. Ils arpentent les allées du parc avec une familiarité déconcertante, s’inclinent devant les passants et grappillent volontiers un « shika senbei » tendu par un touriste amusé.

Il faut savoir que les daims vivent en liberté apparente depuis plus de 13 siècles à Nara. La légende raconte qu’un dieu shinto, Takemikazuchi-no-mikoto, serait arrivé sur un daim blanc pour protéger la ville. Dès lors, ces animaux furent vénérés comme des messagers des dieux et protégés comme tels par les autorités religieuses. Jusqu’en 1637, tuer un daim était passible de la peine de mort ! Leur présence à Nara est bien plus qu’un simple héritage folklorique : c’est un pilier vivant de la spiritualité locale.

Aujourd’hui, plus de 1 200 daims vivent dans le parc de Nara, en plein centre-ville. On les trouve dans la zone sacrée uniquement — inutile d’en chercher à la gare JR. Ils pullulent véritablement sur le site et sont très proches des visiteurs. Mais la cohabitation avec les touristes est loin d’être anodine. Leur comportement a évolué : certains deviennent insistants, voire agressifs, à force de recevoir systématiquement de la nourriture humaine, et ce surtout en période de rut ou lorsqu’ils ont faim.

S’approcher des daims autrement

Une étude publiée par l’Université de Nara montre une modification du rythme alimentaire et social des daims depuis l’explosion du tourisme. Le contraste entre leur rôle sacré et leur instrumentalisation actuelle pose question. Les daims, autrefois vénérés, sont désormais souvent traités comme de simples curiosités. Selfies intrusifs, nourrissage abusif, non-respect de l’animal… le tourisme de masse dénature leur symbolique.

Le daim est parfois réduit à un gadget vivant. Des associations comme la Nara Deer Preservation Foundation œuvrent pour sensibiliser les visiteurs à l’éthique animale. Des zones de repos interdites au public ont été mises en place. L’accent est également mis sur l’éducation : des panneaux expliquent l’importance culturelle et religieuse de ces cervidés.

Pour une visite respectueuse, observez les daims dans leur calme naturel ou sur les sentiers reculés. Ne les touchez pas et évitez les gestes brusques. Achetez les biscuits officiels avec modération, et donnez-les en restant calme.

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Le cœur symbolique de Nara : du Kōfuku-ji au Tōdai-ji

La visite à proprement parler de la ville sacrée de Nara commence à la gare Kintetsu-Nara. En quinze minutes à pied ou en navette, on atteint Kōfuku-ji, un ancien temple bouddhiste lié à la puissante famille Fujiwara. C’est le point d’entrée du Nara historique. De là, la promenade se poursuit naturellement vers le parc de Nara, vaste espace où la nature, les daims et les sanctuaires cohabitent.

En poursuivant vers l’est, on atteint le Tōdai-ji, un pavillon célèbre pour abriter le Grand Bouddha (l’un des plus grands au monde). Le ticket s’achète à l’entrée. Ce bâtiment monumental donne une première leçon de repérage : à Nara, tout est orienté vers l’élévation — spirituelle comme géographique.

La suite de la visite jusqu’au Kasuga-taisha

La ville a été construite à l’image des capitales chinoises antiques, avec un axe nord-sud et des temples placés selon une logique de protection symbolique. Le mont Wakakusa et la forêt de Kasugayama, au sud-est, marquent la limite spirituelle. Se repérer à Nara, c’est plus que suivre une carte : c’est donc accepter une forme de déambulation sacrée.

Pour poursuivre la visite, commencez à vous diriger vers la montagne. Il vous suffira de suivre les chemins des daims et la logique ancienne de ses sanctuaires. Le sanctuaire Kasuga-taisha, le temple aux milliers de lanternes, marque généralement la fin du parcours. Vous pouvez le placer en point de repère sur votre GPS. Entre Todaiji et Kasuga, vous pourrez parcourir les rues anciennes de Nara.

Sortir des flux : itinéraires paisibles

Pour ceux qui veulent éviter la foule, il suffit de s’éloigner de l’axe principal. Depuis le Tōdai-ji, un sentier discret mène au Nigatsu-dō, pavillon secondaire perché sur la colline. Peu fréquenté, il offre une vue panoramique sur la ville. Plus au sud, la forêt primaire de Kasugayama, classée à l’UNESCO, invite au silence — pas de commerces, pas de signal, juste le bruissement des feuilles et le pas léger des daims.

Avez-vous déjà vu des daims en liberté ?

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