Gyanendra Shah, le roi controversé du Népal rappelé au pouvoir…

Manifestation pour le retour de la monarchie à Patan au Népal.
Manifestation pour le retour de la monarchie à Patan au Népal.

Malgré l’abolition de la monarchie en 2008, une partie du peuple népalais souhaite le retour de son ancien roi, Gyanendra Shah. Nous avons assisté à l’un de ces rassemblements à Patan. Le point sur la situation politique au Népal.

Voici une histoire comme on les aime. Un mystérieux roi, une République bancale, des conflits politiques à n’en plus finir et une famille royale au cœur d’un scandale. Le Népal est le dernier pays au monde à avoir aboli la monarchie en 2008. Et pourtant, depuis deux ans, les rassemblements se multiplient pour le retour du roi, alors qu’il est soupçonné d’avoir assassiné toute sa famille en 2001.

Quid de la situation politique du Népal

Pour être honnête, je n’avais jamais entendu parler de la situation politique au Népal. Tout au plus quelques lignes dans un guide touristique indiquant que le roi du Népal avait été déchu en 2008. C’est devenu depuis une République maoïste. Conséquence, la situation s’est dégradée pour les exilés tibétains dans un pays devenu davantage pro-Chine. Le Népal se retrouve donc coincé entre les deux plus grands ennemis de la région : l’Inde et la Chine. 

Comme dans beaucoup de pays, la France en premier lieu, les habitants se plaignent du manque de pouvoir d’achat. Ils déplorent aussi la corruption et, à en juger l’état catastrophique des routes (oui, vraiment le pire état des routes que j’ai jamais vu), on veut bien les croire. Plus subtil pour un étranger, les Népalais déplorent également la perte de leur culture ainsi qu’une gestion désastreuse du tremblement de terre de 2015 et l’absence de liberté de la presse.

Des manifestations pour le retour du roi

A plusieurs reprises, au cours de notre voyage au Népal, nous avons vu des piétons et des motards, pourvus du si charmant drapeau népalais, défiler dans les rues. Naïvement, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une élection locale ou de rassemblements isolés. En réalité, depuis 2023, les marches pour appeler la restauration de la monarchie sont de plus en plus nombreuses. A partir de janvier 2024, l’ancien roi Gyanendra Shah a même entamé une tournée des différentes provinces pour récupérer son trône. Il déplore « le délabrement » du pays.

Nous nous sommes retrouvés fortuitement au cœur d’un rassemblement d’ampleur au Durbar Square de Patan. Ce jour-là, le roi déchu se rendait pour la première fois dans la ville de Patan, où il allait visiter le Temple d’or et se recueillir dans le temple de Krishna Mandir, l’un des plus beaux de la place royale. Nous avons réussi à l’apercevoir avec l’aide d’un commerçant qui nous a montré une entrée secrète vers le Temple d’or. Pendant ce temps là, des milliers de personnes l’attendaient devant le palais de Durbar Square.

Soupçonné d’avoir massacré toute sa famille

En creusant un peu, on comprend pourtant que la réputation de Gyanendra Shah a été entachée par un terrible drame familial. En effet, le 1er juin 2001, au palais royal Narayanhiti de Katmandou, son frère, le roi Birendra du Népal, ainsi que huit autres proches, ont été décimés lors d’un repas auquel il n’avait pas assisté lui-même. Le fils de son frère, le prince héritier Dipendra, se serait emporté sous les effets de l’alcool et de la drogue. Il serait revenu plus tard au banquet pour massacrer toute sa famille. Il aurait agi en raison d’un amour contrarié avec la fille d’une famille rivale.

Après avoir commis son méfait, il aurait retourné l’arme contre lui. Dans un coma profond, il a été proclamé roi trois jours avant de rendre l’âme des suites de ses blessures, le 4 juin 2001. Impossible donc de définir qui est le responsable du massacre. Etant donné que les héritiers du roi Birendra sont tous décédés pendant la tuerie, c’est son frère cadet (donc l’oncle de Dipendra), le fameux Gyanendra qui est devenu roi. La version officielle appuie cette hypothèse et désigne donc le prince hériter comme unique coupable.

Toutefois l’enquête a été rapidement menée par le gouvernement, « sans faire appel à des médecins légistes et des experts en criminalité ». Plusieurs éléments sont restés flous, selon la presse de l’époque. Par exemple le fait que Dipendra ait tenté de se suicider en se tirant une balle dans la tempe gauche alors qu’il était droitier… On reproche aussi à Gyanendra d’avoir cherché à détruire des preuves sur les lieux du massacre…

Les mesures de Gyanendra, roi de 2001 à 2008

Une version officieuse désigne Gyanendra Shah comme commanditaire de la tuerie. Son objectif aurait été d’accéder au pouvoir à la place de son frère et de ses fils. Le règne de Gyanendra Shah dura de la succession à son frère Birendra en 2001 jusqu’à l’abolition de la monarchie en 2008. Selon le site Histoires royales, la population lui avait alors reproché de « faire marche-arrière dans les tentatives de démocratisation du pays » de son défunt frère. Contrairement à ce dernier, il n’acceptait pas que les pouvoirs royaux diminuent.

Les manifestations et les grèves débutent en 2006. L’Union européenne tire la sonnette d’alarme après l’arrestation de plusieurs politiciens. Une coalition entre tous les partis politiques conduisent finalement à l’abolition de la monarchie. Celle-ci est actée le 28 mai 2008. Selon de nombreux habitants, rien n’aurait changé depuis. Ce serait même devenu pire car le pays stagne et de nombreux jeunes ambitieux partent à l’étranger dans l’espoir d’une vie meilleure. Curieusement, Gyanendra Shah est à nouveau vu comme la solution au redressement du pays.

Et vous, avez-vous assisté à des manifestations à l'étranger ?

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