Au Népal, il existe une dizaine de Kumaris, des déesses vivantes, dans la vallée de Katmandou. Ces jeunes filles sont vénérées jusqu’à leur puberté. J’ai eu la chance de voir celle de Durbar Square, la Kumari Devi.
Une sélection complexe pour choisir une Kumari
Avant mon séjour au Népal, je n’avais pas entendu parler des Kumaris. A mon grand étonnement, il s’agit de fillettes considérées comme des divinités vivantes. Celle de Katmandou, la Kumari Devi ou Kumari royale, est la plus importante. Il en existe une dizaine d’autres dans la vallée de Katmandou, secondaires, qui vivent avec leur famille à l’instar de celle de Patan. C’est à ma connaissance le seul culte au monde où une déesse vivante est vénérée.
Des prêtes hindous et bouddhistes sélectionnent la fillette dans la caste des orfèvres newar. Elle doit être âgée d’au moins trois ans. Voix grave de moineau, peau sans tache, cheveux noirs, nombril rebondi comme un singe, joues de lion, cuisse de daims, pieds et mains comme un canard, forme des dents… La future déesse doit présenter trente-deux signes distinctifs plus ou moins farfelus. Son horoscope est bien entendu pris en compte par les astrologues.
Une vie de célibat pour les anciennes Kumaris
La coutume remonte à 1757 lorsque le roi Jaya Prakash Malla décida d’en faire l’incarnation vivante de la déesse attitrée de la famille royale, Taleju. Après une vie luxueuse dans son palais, le règne de la Kumari se termine brutalement lorsqu’elle atteint la puberté. Peu avant la date fatidique de ses premières règles, la quête d’une nouvelle Kumari reprend. Elle est donc rapidement remplacée par une nouvelle petite fille et ainsi de suite. La chute est rude pour la Kumari déchue : la jeune fille est condamnée au célibat car épouser une Kumari porterait malheur.
La Kumari Devi réside à Durbar Square
A Katmandou, la divinité terrestre vit recluse dans l’élégant Kumari Bahal. Ce palais magnifiquement décoré dans le style vihara se trouve sur la place de Durbar Square. La Kumari n’a pas le droit de toucher le sol en dehors de ce palais : elle est donc transportée sur un palanquin doré. A l’extérieur de l’édifice, on peut d’ailleurs voir les glissières en bois servant à déplacer son char pour la fête d’Indra Jatra. Une ancienne Kumari a raconté qu’elle avait mis un pied à terre, pour la première fois de sa vie, après le tremblement de terre de 2015 !
Lire ici comment organiser sa visite au Durbar Square de Katmandou.
La Kumari Devi apparaît au balcon tous les jours
La jeune fille ne fait une apparition publique qu’une fois par jour, généralement le matin, entre 9 heures et 11 heures. Lors de notre passage à Durbar Square, nous avons eu la chance d’arriver pile au bon moment, qui était ce jour là à midi. Les portes du palais étaient ouvertes, ce qui a aussi été l’occasion d’admirer sa belle cour. N’hésitez pas à demander au guichet où vous achetez votre billet, à quelle heure la Kumari doit être présentée.
A l’intérieur du Kumari Bahal, nous n’avons attendu que quelques minutes pour que la petite fille, stoïque, apparaisse à la fenêtre. Vêtue d’une jupe brodée rouge, les cheveux en chignon et les yeux cernés de khôl, elle n’est restée qu’une minute au balcon avant de disparaître à nouveau à l’intérieur du palais. Les non Hindous ont le droit de lui rendre hommage mais personne ne peut la prendre en photo, hormis lors des évènements festifs.
Et vous, quelles ont été vos expériences insolites au Népal ?