Partez pour un voyage solidaire en Palestine avec le CCFD

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Un séjour en immersion avec les partenaires du CCFD permet de mieux comprendre le conflit.

Le CCFD-Terre solidaire organise des séjours en immersion en Palestine à la rencontre de ses partenaires. Pour comprendre ce conflit complexe enlisé depuis 1948 et ses répercussions sur la population, rien de tel que de se rendre sur place.

CCFD-Terre solidaire est le nouveau nom du Comité catholique contre la faim et pour le développement, une association connue pour son sérieux et ses valeurs humanistes, dans la lignée des prêtres ouvriers. « Un pied en Palestine » est son séjour en immersion de dix jours pour les jeunes de 25 à 35 ans. Il permet d’aller à la rencontre de femmes, d’hommes et d’associations partenaires du CCFD qui œuvrent pour la paix. Le CCFD propose un séjour équivalent de deux semaines pour les actifs et seniors.

« Un pied en Palestine », un choix politique

J’ai entendu parler de ce projet par une amie qui avait participé à une session il y a quelques années. En tant que journaliste, ce programme m’intéressait forcément, pour avoir une autre vision du conflit que celles des dépêches AFP qui font état du nombre de morts dans chaque camp et pour me rendre compte sur place de la situation. Car, sur chaque zone de conflit, existent aussi de magnifiques initiatives pour la paix. Ce sont elles qui m’intéressent davantage qu’une vision comptable de la guerre.

Comme le guide du Routard, le CCFD-Terre solidaire prend le parti de parler d’Israël et de Palestine au lieu du terme habituel d’Israël et de « territoires palestiniens » puisque la France ne reconnaît (toujours) pas l’Etat palestinien. En clair, cela signifie que le programme « Un pied en Palestine » mène les participants depuis l’aéroport de Tel Aviv, en Israël, jusque dans l’enclave palestinienne en Cisjordanie, car les partenaires du CCFD se trouve de part et d’autre des check point.

Une solide formation du CCFD en amont

Au moins deux week-ends de préparation sont proposés aux bénévoles. L’objectif est d’abord de s’imprégner de la carte et de son évolution au fur et à mesure du conflit géopolitique depuis l’après-guerre. Le leader de mon groupe, un enseignant passionné par la Palestine, a aussi refait un point historique avec les dates marquantes du conflit et les grands enjeux actuels tels que le grignotage des terres palestiniennes par les colons israéliens.

Le saviez-vous ?

La notion de « Palestiniens de 48 », fait référence à l’exode d’environ 800000 Palestiniens, chassés de leurs terres par les forces israéliennes, entre 1947 et 1949. On parle de la « Nakba ». Ces réfugiés palestiniens se sont installés dans des camps dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et dans les pays voisins. Certaines familles attendent encore leur retour dans leur village. A ce jour, 4,91 millions de palestiniens vivent dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Il faut savoir aussi que 1,5 millions de Palestiniens vivent en Israël et doivent côtoyer tous les jours leurs ennemis. On parle alors d’Arabes israéliens. Ils ne sont pour autant pas toujours bien vus par leurs frères des territoires palestiniens.

Pour illustrer son propos sur les points de contrôle protégés par les forces armées entre zone israélienne et zone palestinienne, nous avons réalisé un jeu grandeur nature où chaque duo interprétait soit un couple d’Israéliens, soit un couple de Palestiniens de Cisjordanie, soit un couple de Palestiniens d’Israël. Le leader nous a expliqué les enjeux pour nous de passer ces check point.

Dans un second temps, nous avons découvert les différentes associations partenaires du CCFD et nous avons décidé lesquelles nous allions rencontrer en essayant de panacher au mieux en fonction de leurs missions et de leur position géographique pour optimiser au maximum les déplacements. A mon grand dam, il n’était pas possible de se rendre dans la Bande de Gaza pour des questions de sécurité.

Chacun d’entre nous a ensuite été chargé de contacter une ou deux associations par jour et d’organiser l’hébergement, les repas et les transports. Il ne nous restait plus qu’à prendre nos billets ! Il est indéniable qu’il faut se préparer avant de partir en Palestine. Plusieurs d’entre nous ont eu des problèmes à l’aéroport, en particulier une fille voyageant avec la compagnie aérienne israélienne et un garçon avec un prénom à consonnance arabe qui a purement et simplement été renvoyé chez lui.

Il ne faut évidemment pas évoquer le projet du CCFD-Terre solidaire. Pour ma part, j’ai simplement été interrogée sur mes voyages précédents dans des pays musulmans et sur mes éventuelles connexions avec des musulmans. Il parait que les autorités israéliennes « fichent » les voyageurs selon leur niveau présumé de dangerosité. En tout cas, ils ne sont pas très chaleureux avec les étrangers !

Des associations engagées pour la paix du côté israélien

L’une des associations qui m’a le plus marquée est sans aucun doute Breaking the Silence. Cette organisation non-gouvernementale israélienne a été établie à Jérusalem Ouest en 2004 par des soldats et vétérans des forces de défense israéliennes. Ils brisent le silence et racontent « l’endoctrinement » de la jeunesse israélienne conditionnée à se battre « contre le terroriste palestinien ».

L’association De Colonizer installée à Tel Aviv s’est livrée à des recherches rigoureuses pour construire une carte recensant l’ensemble des localités palestiniennes, juives et syriennes détruites depuis les premières vagues de migration sioniste à la fin du XIXe siècle. Elles sont réparties par période historique : pré-1948, pendant la Nakba et post-1948. L’objectif intrinsèque est l’arrêt de la colonisation israélienne. Nous avons suivi un tour du vieux quartier de Tel Aviv pour mieux comprendre l’histoire des Palestiniens de 48.

Sadaka Reut (« amitié » en arabe et en hébreu), basée dans les quartiers historiques de Tel Aviv du côté de Jaffa, est un bel exemple d’amitié israélo-palestinienne. Fondée en 1983 par un groupe d’étudiants, l’association promeut une société civile binationale en Israël. Elle s’adresse à des jeunes des quartiers défavorisés pour les aider à réfléchir sur les transformations possibles de la société vers plus d’égalité, de tolérance et de multiculturalisme.

Tishreen est une association située dans le « Triangle », une zone au nord de Tel Aviv, toujours en Iraël, comptabilisant 300000 arabes palestiniens citoyens d’Israël. Son objectif est de contribuer au développement économique local de la population, de promouvoir l’expression culturelle pour encourager une transformation sociale et d’agir auprès des jeunes et des femmes.

(photos dans l’ordre des associations citées)

Lire ici le témoignage de Breaking the Silence.

Des associations qui luttent côté palestinien

L’association Adel, implantée à une dizaine de kilomètres de Ramallah, côté palestinien, pratique l’agroécologie. Elle propose des produits palestiniens à la vente comme de l’huile, des fruits et légumes frais, des œufs, du fromage à la coupe, des sirops, des infusions. Adel possède sa propre ferme, un magasin au poste-frontière Qalandiya et un camion. Mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’une banale boutique bobo parisienne. Sa directrice Rima Younis affirme que les cultures d’oliviers sont régulièrement détruites par les Israéliens.

A Hébron, l’Association d’échanges culturels Hébron-France (AECHF), a été un contact précieux qui nous a offert une visite de qualité dans la ville. Une visite à la fois ludique sur la découverte du mode de vie palestinien avec un tour au marché, mais surtout historique et politique. Nous avons pu y voir le Tombeau des Patriarches (un monument disputé par juifs et musulmans) mais aussi la prise de possession de maisons par les colons israéliens au cœur de la ville, arborant fièrement les drapeaux blanc et bleu…

Dans la même veine, nous avons rendu visite à Youth against settlements, un groupe d’activistes palestiniens qui lutte par la non-violence contre l’occupation israélienne de la Palestine. Dans leur maison sur les hauteurs d’Hébron, nous y avons rencontré un groupe de l’Association France Palestine Solidarité ainsi que des jeunes communistes français, plus engagés que le CCFD. Il n’empêche que la cause est commune : permettre aux habitants d’Hébron, déjà encerclés par la police israélienne, de pouvoir vivre dignement.

La Tente des Nations, une ferme au sud-ouest de Bethléem, entourée de colonies israéliennes, accueille des bénévoles étrangers depuis des années, pour promouvoir la paix et assurer sa pérennité. A l’issue d’une petite marche au milieu de nulle part, nous avons pu manger au réfectoire et échanger avec Daoud Nassar, le propriétaire de ce lieu de résistance pacifique et sa famille, autour d’un verre de vin local, avant d’y passer la nuit. C’est une initiative intelligente hors du commun, et ce fut l’une des meilleures soirées du voyage.

Pour terminer, nous avons rencontré Bethléem Fair Trade Artisans (BFTA) qui redonne du travail à des centaines de Palestiniens à travers sa coopérative. Nous avons aussi participé à un cours de cuisine sur le camp de Aïda, où des familles attendent depuis des décennies de pouvoir rentrer à la maison… Bethléem est une ville hyper intéressante, d’un point de vue religieux bien sûr, mais aussi artistique avec plein de graffitis sur le mur de la séparation et le Walled Off Hotel, un incroyable hôtel-musée du street artist Banksy. 

(photos dans l’ordre des associations citées)

Lire ici mon expérience à la Tente des Nations.

Les à-côtés du voyage en Palestine avec le CCFD

Nous avons pu profiter d’une visite de Jérusalem avec l’écrivain Sabri Giroud qui nous a montré le mur de la séparation et les différents quartiers de cette ville littéralement scindée en deux, avec Jérusalem Est, où vivent les Palestiniens (qui résistent tant bien que mal à la pression des colons), son souk et ses échoppes et Jérusalem Ouest, le quartier juif avec les drapeaux bleu et blanc accrochés aux fenêtres. C’était aussi l’occasion de se rendre à l’église du Saint-Sépulcre et sur l’Esplanade des Mosquées bien sûr où des affrontements ont régulièrement lieu.

En dehors de la thématique du conflit, nous avons également passé une nuit avec les bédouins dans le désert Rashaydeh vers Jérico. Après un dîner en famille et une soirée dansante improvisée au son de l’autoradio de leur 4×4 – où j’ai tapé dans l’œil d’un papy bédouin -, nous avons dormi à la belle étoile sous leur tente ouverte. Les bédouins sont les habitants du désert en langue arabe. Le lendemain, nous avons fait une randonnée dans le désert au milieu des éleveurs de chèvre et avec la mer morte en toile de fond. Mythique !

Nous aurions aimé rencontrer aussi AlQaws, une association palestinienne LGBTQ militant pour la diversité sexuelle et du genre dans la société palestinienne, dans les instances politiques, les institutions, les médias et la vie quotidienne. Nous avons aussi échangé avec Filastinyiat, une ONG de Ramallah, siège de l’autorité palestinienne. Elle soutient les jeunes et les femmes journalistes dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie et lutte contre le patriarcat. Des combats très actuels !

Et vous, seriez-vous prêts à en savoir plus sur le conflit israélo-palestinien ?

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