Visitez le château Laurens à Agde : un bijou d’Art nouveau
Après vingt années de restauration, la villa Laurens, un domaine exceptionnel imaginé fin XIXe siècle par un rentier avant-gardiste, a ouvert ses portes en juin 2023. En route pour la visite guidée.
Il est un château exceptionnel dans l’Hérault que peu de personnes ont déjà eu la chance de pénétrer puisqu’il a ouvert ses portes seulement en juin 2023. Elle rouvrira ses portes le 1er mars 2024. La villa Laurens se trouve à Agde, à proximité de la célèbre écluse ronde. Elle se situe sur le domaine de Belle Isle, une vaste propriété de 12 hectares, entre le fleuve Hérault et le canal du Midi.
Un lieu de réception pour un couple érudit
A l’origine, un riche dandy : Emmanuel Laurens. Son père avait restauré le moulin du domaine de Belle Isle pour en faire une petite maison. A la mort de son oncle, le frère de sa mère, Emmanuel hérita de son immense fortune et abandonna ses études de médecine à Montpellier pour partir voyager à travers le monde.
A son retour, l’Agathois investit son argent pour bâtir une villa dans la continuité de la maison de son père. Il acheta aussi des appartements et demeures un peu partout en France. La Villa Laurens fut construite en seulement quatre ans, de 1987 à 1901, à proximité du chemin de fer. Pendant la Belle époque, c’était un lieu de réception, où sa femme, la cantatrice Louise Blot, pouvait s’entraîner et donner ses concerts.
Emmanuel Laurens subit le krach boursier de 1929 de plein fouet si bien qu’en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le rentier ruiné dut vendre son domaine en viager. Comme souvent dans de pareilles situations, il vécut encore de nombreuses années mais ne put pas entretenir son domaine. A sa mort en 1959, le nouveau propriétaire abandonna la maison devant l’ampleur des dégâts.
La villa Laurens se dégrada pendant trente ans, jusqu’en 1994 où la ville d’Agde racheta le domaine. Il a alors été classé au titre des Monuments historiques. Les travaux, en deux temps, ont été colossaux, comme on peut le voir grâce aux reconstitutions présentées dans la première salle. Des arbres poussaient à l’intérieur, des œuvres d’art se sont détériorées, le toit d’une pièce s’était effondré…
Lire ici comment choisir sa promenade sur le canal du midi.
Inspiration voyages et Art nouveau
La construction de ce palais fantasmagorique aux couleurs chatoyantes emprunte à beaucoup aux voyages d’Emmanuel Laurens. On retrouve à la fois les colonnades grecques sur la façade, l’architecture boisée des temples bouddhistes indiens dans le corps principal, les figures égyptiennes les murs de l’escalier ou encore des décors fleuris d’Europe de l’Est sur les frises.
La visite commence par la façade, dont les décors égyptiens à la feuille d’or, reflètent la lumière du soleil. On entre ensuite dans une vaste salle de réception décorée comme un temple, avec un bassin en son centre pour restituer les rayons émanant du puits de lumière. Une alcôve avec un piano servait aux concerts de Louis Blot.
La Villa est de style art nouveau, avec de nombreuses références à la faune et à la flore, depuis les peintures, aux décorations sur les ferronneries ou aux lustres. Remarquez par exemple les canards et les papillons sur les papiers peints ou bien les décorations qui rappellent les illustrations de Mucha sur l’ameublement dans la chambre de la mère d’Emmanuel Laurens ou dans son bureau.
L’une des pièces les plus marquantes est l’auditorium (ou salon de musique), surmonté d’un dôme elliptique de 20 mètres de haut. Il rappelle à s’y méprendre une cathédrale, en raison de sa forme ovoïdale, de son plafond haut et de ses magnifiques vitraux. Sur les préconisations des Monuments historiques, des œuvres contemporaines remplacent les peintures qui ont été très abîmées. On retrouve là encore la nature avec les ailes de paons et un bassin en son centre.
C’est la première pièce à avoir été rénovée. La maîtrise d’ouvrage a ensuite été confiée à la communauté d’agglomération Hérault Méditerranée. Le chantier, financé par l’agglo, le département, la région, la Drac et l’Europe, s’élève à 15 millions d’euros. La reconstitution a été faite à l’identique à partir de documents historiques.
Un mobilier époustouflant
L’escalier qui mène à l’étage est tout aussi incroyable. Notez les magnifiques luminaires qui ont été réalisés en se basant sur le modèle original qui avait pu être sauvé. Une partie du château n’est pas encore restaurée et ouvrira dans les années à venir. En tout, il compte une vingtaine de pièces. Il ne faut pas s’attendre à un château à proprement parler mais plutôt à une villa ou une demeure.
Le laboratoire d’Emmanuel Laurens, passionné par l’électricité, est tout aussi très intéressant. Son plan de travail ressemble à une cheminée et évoque l’architecture de Gaudi à Barcelone. Une élégante porte à deux vantaux amène sur une terrasse baignée de lumière. Du mobilier a été racheté progressivement par la mairie d’Agde aux enchères pour meubler l’ensemble du site.
On termine la visite de ses appartements privés par son cabinet de travail. Au centre, son imposant bureau décoré. Dans l’angle, la banquette en cuir de Léon Cauvy où il refaisait le monde avec ses amis semi-allongé. Notez au plafond la peinture du fusain du Char d’Apollon par Louis Anquetin. Et là encore de splendides vitraux illustrant des scènes de la vie locales : la récolte du raison dans les champs ou le départ des hommes pour la pêche.
Vérifiez bien les horaires avant de vous rendre au château et pensez à réserver. Les visites sont payantes et obligatoirement guidées. Il existe trois options : essentiel en 40 minutes, historique en 1 heure et émotion en 2 heures. Les tarifs varient selon votre situation. Ce n’est pas donné, mais la visite en vaut la peine étant donné l’originalité du lieu et l’ampleur de la restauration. L’accès au parc est gratuit.
Réservez ici une visite guidée : https://www.chateaulaurens-agde.fr/visiter